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Passion centenaire à Loudéac et maison des toiles à Saint Thélo: une journée culturelle, cultuelle et conviviale

 

Une quarantaine d'adhérents de notre association d'anciens élèves du petit séminaire de Quintin se sont retrouvés le dimanche 13 avril, jour des Rameaux, pour assister à la représentation de la Passion à l'occasion du centenaire de ce spectacle théâtral qui a fait la notoriété de Loudéac.

A l'heure du bilan, tous les participantes et participants ont exprimé leur satisfaction. Armel Binet, la cheville ouvrière de la journée a su concocter un programme harmonieux et bien dans l'esprit de notre association. Car, si l'objectif premier était bien d'assister à la Passion, l'APSQ se fait toujours apprécier par la qualité de ses journées marquées du label "C3": convivial, culturel…. et un peu cultuel.

C'est ainsi que le matin, à none (neuvième heure du jour), les plus ponctuels se sont retrouvés à Saint Thélo pour la visite de la "Maison des Toiles". Il s'agit d'un musée créé voici 10 ans pour raconter l'aventure de la culture et de l'industrie du lin en centre Bretagne aux 17ème et 18ème siècle. La visite guidée par Ingrid, une grande professionnelle très documentée sur cette activité économique qui a employé jusqu'à 35.000 ouvriers en Bretagne et y a apporté une grande prospérité -pour les marchands- nous a appris beaucoup de choses sur notre région.

Aux douze coups de midi, nos esprits étaient arrivés à satiété intellectuelle. Depuis Quintin, nous savons que quand les estomacs commencent à crier famine, "ventre affamé n'a pas d'oreilles". Armel avait donc chronométré notre retour au restaurant. Nous y avons été accueillis par un ancien de Quintin, Jean-Paul DUAULT (entré en 1971) et son épouse Sylviane.

Etait alors venu le temps des nourritures spirituelles et la partie cultuelle de la journée. En une succession de tableaux fort bien mis en scène et bien enchaînés d'intermèdes musicaux, la valeureuse troupe de Loudéac a rejoué l'évocation de la Passion du Christ.

Bernard..... Ponce-Pilate

En grande tenue de gouverneur romain de la Judée, impérial sous sa toge rouge pourpre, Ponce-Pilate à peine descendu de scène attendait notre groupe à la fin de la représentation pour une photo de famille. Et ceux qui n'étaient pas dans la confidence ont alors appris de Ponce Pilate s'appelle en réalité Bernard GILLES et qu'il a été élève à Quintin de 1968 à 1973. Il habite à "La Ville Léon" à Loudéac. Très impliqué au niveau de la paroisse, c'est un adepte des chemins de St-Jacques sur lesquels il a marché une année avec son âne. Il est aussi animateur de matinées et de soirées dansantes. Bernard joue depuis longtemps à la Passion mais il a décidé d'arrêter après cette année pour cause de surcharge d'activité. Il était plus que temps pour la photo. Bernard transmettra nos compliments à toute la troupe.

Booz et Ruth: une liaison furtive qui a changé le monde

Sur le chemin du retour, chacun a du méditer sur cette belle journée. C'est du côté de Saint Caradec que, pour ma part, j'ai eu l'illumination. Que j'ai trouvé le lien qui donne l'unité de cette belle journée.

Mais…c'est bien sûr…..le lin….

"Vêtu du probité candide et de lin blanc….." Où ai-je vu ou lu cela ?

Google qui a réussi son bac avec mention très bien du premier coup , et qui répond toujours quand on l'appelle (pas comme le chien de Jean Nivelle) m'a rafraichi la mémoire après s'être renseigné chez Wikipedia.....

Victor Hugo, la légende des siècles........ Booz endormi aux côtés de la glaneuse Ruth, que sa belle-mère Noémie a poussé à profiter de la moisson pour séduire le patron Booz et se faire épouser.

Ce serait une histoire fort peu édifiante, si le dessein de Dieu ne s’y faisait jour. De l’union de Booz et de Ruth proviendra la lignée dont seront issus David et ses descendants, puis Jésus-Christ lui-même.
Ce que Hugo a voulu montrer ici c’est la toute puissance de Dieu dont les desseins ne sont pas toujours clairs pour les hommes, cependant disponibles pour accomplir sa volonté.

 

Pour information et pour les plus curieux, voici, au risque de nous répéter (comme l'aurait fait le père Chouin, pour lequel la pédagogie s'appuyait sur la vertu de la répétition)  le commentaire de texte que nos maîtres auraient  pu nous donner en devoir et dont le corrigé aurait pu prendre cette forme:

Engagée comme glaneuse,

elle séduit le patron et se fait épouser.

L'histoire, titrée de cette manière, a un air de presse people..et justifierait aujourd'hui d'être traitée dans la rubrique faits- divers de la presse écrite. Et pourtant !!!!!

« Booz endormi » est inspiré par le livre de Ruth. Victor Hugo fait l’impasse totale sur l’histoire dramatique de Ruth, née à Moab où elle avait épousé le fils de Noémie. Les deux femmes devenues veuves, donc sans statut social, Noémie décide de rentrer dans son pays à Bethléem.

Et sa bru, par fidélité et par affection décide de l’accompagner, plutôt que de se remarier à Moab. Selon la Loi, une veuve jeune et sans enfant doit épouser le plus proche parent de son mari. Booz n’est peut-être pas le plus proche, mais c’est à la fois le plus âgé et le plus riche.

Noémie jette son dévolu sur lui et pousse Ruth à profiter de la moisson pour se faire engager comme glaneuse, le séduire et s’en faire épouser.
Ce serait une histoire fort peu édifiante, si le dessein de Dieu ne s’y faisait jour. De l’union de Booz et de Ruth proviendra la lignée dont seront issus David et ses descendants, puis Jésus-Christ lui-même.
Ce que Hugo a voulu montrer ici c’est la toute puissance de Dieu dont les desseins ne sont pas toujours clairs pour les hommes, cependant disponibles pour accomplir sa volonté.

 

(Vous pourrez retrouver, ci-dessous, à la fin de cet article, sous les photos, le poême complet "Booz endormi" de Victor Hugo dans la légende des siècles (1859-1883) .

Le groupe, à la sortie de la représentation de la Passion, en compagnie de Bernard "Ponce Pilate" un ancien de Quintin, acteur de la Passion depuis des années et qui a décidé de raccrocher sa toge de gouverneur.

Le groupe, à la sortie de la représentation de la Passion, en compagnie de Bernard "Ponce Pilate" un ancien de Quintin, acteur de la Passion depuis des années et qui a décidé de raccrocher sa toge de gouverneur.

La guide Ingrid explique, devant la "Maison des Toiles"  l'activité du lin qui a profondément marqué la vie économique et les relations sociales en Bretagne aux 17 et 18 ème siècle. Plus de 35.000 personnes en vivaient (plus ou moins bien) en centre Bretagne.

La guide Ingrid explique, devant la "Maison des Toiles" l'activité du lin qui a profondément marqué la vie économique et les relations sociales en Bretagne aux 17 et 18 ème siècle. Plus de 35.000 personnes en vivaient (plus ou moins bien) en centre Bretagne.

Booz endormi

Booz s'était couché de fatigue accablé ;
Il avait tout le jour travaillé dans son aire ;
Puis avait fait son lit à sa place ordinaire ;
Booz dormait auprès des boisseaux pleins de blé.

Ce vieillard possédait des champs de blés et d'orge ;
Il était, quoique riche, à la justice enclin ;
Il n'avait pas de fange en l'eau de son moulin ;
Il n'avait pas d'enfer dans le feu de sa forge.

Sa barbe était d'argent comme un ruisseau d'avril.
Sa gerbe n'était point avare ni haineuse ;
Quand il voyait passer quelque pauvre glaneuse :
- Laissez tomber exprès des épis, disait-il.

Cet homme marchait pur loin des sentiers obliques,
Vêtu de probité candide et de lin blanc ;
Et, toujours du côté des pauvres ruisselant,
Ses sacs de grains semblaient des fontaines publiques.

Booz était bon maître et fidèle parent ;
Il était généreux, quoiqu'il fût économe ;
Les femmes regardaient Booz plus qu'un jeune homme,
Car le jeune homme est beau, mais le vieillard est grand.

Le vieillard, qui revient vers la source première,
Entre aux jours éternels et sort des jours changeants ;
Et l'on voit de la flamme aux yeux des jeunes gens,
Mais dans l'oeil du vieillard on voit de la lumière.

Donc, Booz dans la nuit dormait parmi les siens ;
Près des meules, qu'on eût prises pour des décombres,
Les moissonneurs couchés faisaient des groupes sombres ;
Et ceci se passait dans des temps très anciens.

Les tribus d'Israël avaient pour chef un juge ;
La terre, où l'homme errait sous la tente, inquiet
Des empreintes de pieds de géants qu'il voyait,
Etait mouillée encore et molle du déluge.

Comme dormait Jacob, comme dormait Judith,
Booz, les yeux fermés, gisait sous la feuillée ;
Or, la porte du ciel s'étant entre-bâillée
Au-dessus de sa tête, un songe en descendit.

Et ce songe était tel, que Booz vit un chêne
Qui, sorti de son ventre, allait jusqu'au ciel bleu ;
Une race y montait comme une longue chaîne ;
Un roi chantait en bas, en haut mourait un dieu.

Et Booz murmurait avec la voix de l'âme :
" Comment se pourrait-il que de moi ceci vînt ?
Le chiffre de mes ans a passé quatre-vingt,
Et je n'ai pas de fils, et je n'ai plus de femme.

" Voilà longtemps que celle avec qui j'ai dormi,
O Seigneur ! a quitté ma couche pour la vôtre ;
Et nous sommes encor tout mêlés l'un à l'autre,
Elle à demi vivante et moi mort à demi.

" Une race naîtrait de moi ! Comment le croire ?
Comment se pourrait-il que j'eusse des enfants ?
Quand on est jeune, on a des matins triomphants ;
Le jour sort de la nuit comme d'une victoire ;

Mais vieux, on tremble ainsi qu'à l'hiver le bouleau ;
Je suis veuf, je suis seul, et sur moi le soir tombe,
Et je courbe, ô mon Dieu ! mon âme vers la tombe,
Comme un boeuf ayant soif penche son front vers l'eau. "

Ainsi parlait Booz dans le rêve et l'extase,
Tournant vers Dieu ses yeux par le sommeil noyés ;
Le cèdre ne sent pas une rose à sa base,
Et lui ne sentait pas une femme à ses pieds.

Pendant qu'il sommeillait, Ruth, une moabite,
S'était couchée aux pieds de Booz, le sein nu,
Espérant on ne sait quel rayon inconnu,
Quand viendrait du réveil la lumière subite.

Booz ne savait point qu'une femme était là,
Et Ruth ne savait point ce que Dieu voulait d'elle.
Un frais parfum sortait des touffes d'asphodèle ;
Les souffles de la nuit flottaient sur Galgala.

L'ombre était nuptiale, auguste et solennelle ;
Les anges y volaient sans doute obscurément,
Car on voyait passer dans la nuit, par moment,
Quelque chose de bleu qui paraissait une aile.

La respiration de Booz qui dormait
Se mêlait au bruit sourd des ruisseaux sur la mousse.
On était dans le mois où la nature est douce,
Les collines ayant des lys sur leur sommet.

Ruth songeait et Booz dormait ; l'herbe était noire ;
Les grelots des troupeaux palpitaient vaguement ;
Une immense bonté tombait du firmament ;
C'était l'heure tranquille où les lions vont boire.

Tout reposait dans Ur et dans Jérimadeth ;
Les astres émaillaient le ciel profond et sombre ;
Le croissant fin et clair parmi ces fleurs de l'ombre
Brillait à l'occident, et Ruth se demandait,

Immobile, ouvrant l'oeil à moitié sous ses voiles,
Quel dieu, quel moissonneur de l'éternel été,
Avait, en s'en allant, négligemment jeté
Cette faucille d'or dans le champ des étoiles.

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