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La chronique de Théophraste. Le 15 août à Bléruais
Fra Angelico Dormition de la Vierge

Fra Angelico Dormition de la Vierge

La gazette de Théophraste    par Elie Geffray

Le 15 Août à Bléruais.

La Mi-août, c’est le sommet des vacances d’été. Où fêter cela pour sortir un peu de l’ordinaire ? Il y en a qui vont à Lourdes. Il paraît que c’est bien, mais tout le monde y va. Ce n’est pas très original. Je dirais même que c’est conformiste comme destination. Tandis que Bléruais, c’est plus rare, et on en parle moins. De plus, le 15 août ici, on cumule la fête religieuse et communale. C’est du 2 en 1. De surcroît, cette localité peut se vanter également d’être la moins peuplée d’Ille-et-Vilaine. Et désormais, « faire local » c’est très tendance. Donc, pour moi cette année : le 15 août, c’était Bléruais ou rien.

Un petit coup d’œil sur une carte et un petit réglage du GPS, et en route. Oui, mais, il y a des détails qui n’étaient pas prévus : la déviation. Et quand je vous parle de déviation, ce n’est pas un simple petit détour autour d’un bourg comme Muel. Non, celle-ci, c’était une déviation « très déviante. » C’est un peu comme si partant de Paris pour aller à Orléans on vous faisait contourner Strasbourg. Bon ! J’exagère un peu, mais c’est pour que vous compreniez bien. C’est en tout cas ce qui explique qu’étant parti largement à l’heure, je ne suis arrivé à l’église du village qu’à la fin du sermon.

Je me suis faufilé le plus discrètement possible au fond de l’édifice, là où se mettent les retardataires. Juste à ce moment-là, le prédicateur concluait son propos en expliquant que l’espérance a une plus grande portée que l’espoir. Je vous laisse réfléchir là-dessus. Mais pour moi qui avais frôlé le désespoir dans le labyrinthe des déviations, j’ai pris cela pour une consolation qui vaut ce qu’elle vaut. Ce prêcheur voulait-il dire par là que si on ne perd pas courage, on finit toujours par arriver à bon port ? En tout cas je venais de vérifier sur la route que venir dans la commune la moins peuplée du plus gros département breton, ça se mérite. Il y faut de la persévérance.

L’assemblée dans laquelle je me trouvais n’était pas turbulente, quelque part entre recueillement et assoupissement. Seules deux petites filles, dans la nef, se livraient à des exercices d’expression corporelle selon des chorégraphies complètement imprévisibles.

La fin de l’office a été signalée par une volée de deux cloches actionnées manuellement par deux hommes qui tenaient le bon rythme. On sentait le coup de main expérimenté, l’application, et le talent. L’un d’entre eux avait tombé la veste, ce qui prouve que « sonneur de cloches » ce n’est pas un métier facile. Et qui sait s’il ne va pas redevenir à la mode ? Si la crise énergétique continue, on préconisera de remplacer les armoires électriques des sacristies par des sonneries « à bras. » Et ce jour-là, Bléruais sera montré en exemple. Bravo !

Il n’était guère plus de 11h30 quand ce joyeux carillon s’est tu pour faire place aux réjouissances populaires qui commencent par un repas champêtre comme c’est la règle. Mais pour prendre place dans la file qui permettait d’y accéder, il fallait une « réservation » dont le passager impromptu que j’étais était dépourvu. Plus prévoyant, je reviendrai l’an prochain et je vous raconterai la suite.

Théophraste : « Comme a dit le curé, ne perdons ni l’espoir ni l’espérance. »

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