Théophraste. Un problème de poubelle.

La gazette de Théophraste     Par lie Geffray

« Vingt dieux, mais qui c’est le chef des poubelles ? »

C’est un copain d’Edmond. Il habite près de Saint-Brieuc, en ville quoi ! Mais parfois il passe quelques jours par ici, dans sa maison de famille. Il y séjourne plus ou moins longtemps. Il fait ce qu’il veut : il est en retraite. Bref, ceci ne nous regarde pas. L’affaire, c’est qu’il a des poubelles, le gars. Et une facturation qui correspond à des contenances de 340 l. Pour une ou deux personnes de temps en temps, ça fait beaucoup.

Il les met bien où il faut au bord du trottoir. Mais de peur que celles-ci ne restent à traîner en son absence, il s’est adressé au chef des poubelles pour « trouver un arrangement. » Et il est venu sur place, le chef, sérieux comme un chef, avec un appareil photo de chef. Et que je te photographie tout ça pour bien prouver qu’il n’était pas effectivement prudent de les laisser à l’abandon sur le bord de la rue trop longtemps. C’est moche, et en plus, ça pourrait provoquer un accident. On ne sait jamais. Et qui serait responsable, je vous le demande ? Alors, le chef, il a décidé gravement et en son âme et conscience que les « éboueurs » du vendredi remonteraient lesdites poubelles vides à 25m à l’intérieur de sa propriété.

Oui, mais cet ordre n’a jamais été exécuté. Comme a dit Yolande : « Décidément, il n’y a quand même plus d’autorité. » De guerre lasse, notre abonné a voulu dégager sa responsabilité en faisant savoir à l’administration qu’il n’avait plus besoin de poubelles, qu’on pouvait venir les chercher. En échange l’Administration des poubelles lui a donné des petits sacs jaunes qu’il pourrait aller déposer dans une décharge à laquelle il aurait accès grâce à un badge qui se paie au tarif badge : 173€. Donc plus cher que le camion-poubelle... Et de plus, ce badge ne donnait accès qu’à des dépôts à plus de 20 km . « Au prix qu’est l’essence, a jugé Edmond, ils te prennent quand même pour un con. Faut aller leur dire. » Il y est allé avec un chèque de 169 € à la main, tarif normal, alors qu’on lui en réclamait 173 et que c’est lui qui faisait le déplacement.

Manque de pot, la visite fut houleuse. La secrétaire à la réception n’avait pas dû lire le mot « ACCUEIL » sur la porte de son bureau. Et le plaignant de bonne volonté, son chèque tarif normal à la main, a été prié, sans autre forme de procès, de débarrasser le plancher vite fait bien fait.

Bon ! Il y a toujours bien un chef au-dessus des autres chefs. Et au-dessus de l’administration, il y a les politiques. En l’occurrence il y a le vice-président du service des poubelles. Et en dernière instance, le président de l’agglo. Et l’affaire pourrait aller jusqu’au tribunal administratif. On ne sait jamais, vu l’humour des administrations !

Théophraste : « Il est vrai que les poubelles, ça pue. Mais ça ne sent pas jusque dans les bureaux. »