Théophraste. Retour au cimetière

La gazette de Théophraste     Par Elie Geffray

Retour au cimetière.

Un lecteur assidu nous fait part cette semaine de ses déboires d’avant la Toussaint. Dans la commune de ses parents défunts, « plus moyen de laver les tombes de nos familles, écrit-il, parce qu’il n’y a plus d’eau dans les cimetières. » Mettre les morts au régime sec, c’est injuste, d’autant plus que la plupart d’entre eux n’en ont pas abusé de leur vivant. De plus, cette sanction « d’outre-tombe » a été prise unilatéralement et « sans consultation des habitants du quartier » comme le disent les manifestants professionnels à propos de tout ce qui bouge.

Autre surprise de notre correspondant : dans un autre cimetière, celui de ses beaux-parents, « il y a l’eau de pluie du récupérateur qui est toute verte… mais je ne trouve pas digne de laver les tombes avec de l’eau pas claire…. » J’approuve : nos aïeux ne méritent pas ça. Un peu de respect tout de même. Une interrogation cependant : un nettoyage à sec, ça ne marche pas sur les monuments funéraires ? Que fait la recherche scientifique ?

Il y a des communes plus scrupuleuses en matière d’écologie. J’ai vu que dans certains cimetières, on avait interdit les désherbants chimiques. Des cimetières garantis « sans pesticides ! » Du coup, pas d’infiltrations polluantes dans les sous-sols, et nos morts peuvent « reposer en paix. »

A propos d’eau, de défunts, de science et de religion, je voudrais signaler un conflit à la fois confidentiel et majeur que se livrent des catholiques intransigeants et des scientifiques matérialistes. C’est au sujet de l’eau bénite qu’il est désormais interdit de répandre autour des cercueils à la fin des enterrements. Du point de vue de la science, le manchon du goupillon que les fidèles se passent de l’un à l’autre est un transmetteur efficace du virus de la COVID. D’où son interdiction. D’où aussi, et pour les mêmes raisons, l’assèchement des bénitiers.

Il y en a à qui ça ne plaît pas. Je connais une croyante radicale tendance charismatique effervescente et énervée. D’après elle, seule l’eau bénite protège des épidémies. Toutes les mesures basées sur la science genre masque, gel hydro-alcoolique, vaccins, etc, ne sont que des ruses du diable pour nous faire peur.

A l’opposé, j’ai un ami athée. Mais un vrai. Pas un athée « en recherche ». Non ! Un athée intégriste. D’après lui, il n’y a que la science qui soit fiable. Les prières, l’eau bénite et tout ça ne sont que superstitions, balivernes et billevesées.

Donc deux camps s’affrontent chez les intégristes. Les uns proclament : « Oui à l’eau bénite. Non au gel hydro-alcoolique. » Les autres répliquent : « Non à l’eau bénite. Oui au gel hydro-alcoolique. »

Une fois de plus la France est divisée. Et comme il y a suffisamment de dissensions comme ça dans notre pays, je suggère de prescrire une dose de gel-hydro-alcoolique dans l’eau bénite, et une giclette d’eau bénite dans le gel hydro-alcoolique.

Enfin je propose ça comme ça, juste pour aider.

Théophraste : « Avec cette méthode, on devrait trouver une solution pour le nettoyage des tombes. »