Théophraste : Le temps qu'il fait

La gazette de Théophraste   par Elie Geffray

Le temps qu’il fait

Je vous fais part cette semaine de quelques bribes de conversations recueillies au « Haut-Débit » et dans quelques autres petites surfaces du commerce local. C’est là que, l’oreille en alerte, on entend la France profonde. Le temps qu’il fait occupe la première place dans nos soucis quotidiens, bien avant l’inflation, le pouvoir d’achat, les casserolades ou la guerre en Ukraine. Des preuves ? Prenez la peine de lire la suite.

Mercredi au marché hebdomadaire :

« Salut. Quel temps il fait par chez toi ? Nous, cette nuit, il a dû pleuvoir. Les banquettes sont pleines de flotte à ras bord. On en demandait de la flotte, on en a tant et plus, mais on s’en lasse assez vite.

« Par chez nous, la route était sèche ce matin. Et pourtant on n’est pas loin. Mais ces giboulées de printemps, c’est très local. Tiens regarde en ce moment comme le temps est noir sur Rouillac. Il y a une bonne douche qui se prépare pour bientôt alors qu’il fait du soleil. »

« C’est vrai ! On ne sait plus comment s’habiller le matin. Tu ouvres la fenêtre et tu vois le soleil levant rayonnant. Alors tu t’en vas sans imperméable et sans parapluie. Et puis à mi-chemin, tu te prends une saucée et tu attrapes un rhume, un mal de tête, une angine. »

« C’est comme ça les changements de saison, ce n’est pas sain : il y a plein de morts ces jours-ci. Rien que dans ma commune, il y en a un par semaine depuis un mois. Les anciens sont fragiles au moment des changements de saison. »

« Et puis il n’y a pas que les caprices de la météo. Il y a aussi les pollens. Il y en a de plus en plus et les gens y sont de plus en plus sensibles. Je ne sais pas pourquoi. Peut-être que les générations d’aujourd’hui seraient plus douillettes ? »

« N’empêche qu’on dit tous les jours qu’on va manquer d’eau, qu’il faut l’économiser. Dans un sens c’est vrai. Surtout dans le midi. Et quand on y regarde bien, même chez nous, les sources ne débordent pas. Finalement, cette pluie, c’est peut-être notre richesse qui nous tombe du ciel. »

« Oui la flotte, il en faut. Mais il faudrait qu’elle tombe dans la vieille année. Parce que celle du printemps ne pénètre pas en profondeur. Cela n’alimente pas les réserves. » - « Oui mais, quand on est en mai et juin, on aime quand même bien le soleil. On a besoin de ça pour le moral. Tu vois bien, les jours de pluie, les gens se ramassent, bougonnent dans leur coin ou s’ennuient. On dira ce qu’on voudra, mais la lumière et la chaleur, il n’y a rien de mieux pour la bonne forme et la bonne humeur. »

« Le temps qu’on parle là, et voilà les premières gouttes de la prochaine giboulée. Il va falloir se mettre à l’abri »

Heureusement, on était à quelques pas du « Haut-Débit. »

Théophraste : « Le temps qu’il fait, c’est un intemporel. Il n’y a pas de saison pour en parler. C’est toujours d’actualité.»