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L'hebdomadaire d'Armor 315

L'hebdomadaire d'Armor 315

La gazette de Théophraste   par Elie Geffray

Une réunion d’anciens élèves.

Théophraste : Une réunion d'anciens élèves

La dernière fois que j’avais participé à la réunion des anciens élèves de cet établissement secondaire très catholique, de la stricte observance, exclusivement masculin, le retour s’était plutôt mal passé. J’avais chopé une amende de 95€ et perdu trois points sur mon permis de conduire au motif que j’aurais grillé un stop à Collinée. Mais c’était « à l’insu de mon plein gré » avais-je plaidé d’un air sincèrement affligé. Mais je ne sus pas convaincre la maréchaussée. Ce souvenir m’a rappelé les mauvaises notes de conduite que m’infligeait autrefois le « préfet de discipline » pour cause de « bavardages caustiques » à l’égard de mes supérieurs d’alors. C’est pourquoi, pour la rencontre de cette année, j’ai pris une assurance tous risques : je me suis fait conduire en souplesse par le président de notre association, qui fut kiné de son état, et qui sait faire des manipulations.

La journée était structurée comme une liturgie. D’abord l’accueil autour d’un café et des viennoiseries abondantes qui témoignaient que notre école avait bien changé de régime. C’est le moment où les participants arrivent, se saluent et s’efforcent de se reconnaître facilement en louchant sur le badge d’identité remis à chacun à l’entrée. Et puis, «la petite santé comment ça va ? » La question s’invite et prend place dans la conversation. Toutes les pièces défectueuses de nos organismes usagés sont évoquées. Pourtant, la plupart d’entre nous n’ont pas été affectés par la pénibilité du travail. Ici, à l’époque, on étudiait surtout les lettres. Le latin et le grec étaient incontournables. Ce n’est pas avec ça qu’on pouvait être maçon, soudeur, fraiseur-tourneur ou je ne sais quoi. Mais pour l’art de la parole, si !, comme l’illustre avec dextérité notre ami Yves, le très clément citoyen de Lamballe.

Justement, après l’accueil, voici la liturgie de la parole. C’est le Président et ses acolytes qui officient. Notre grand Maître exhorte ses compagnons présents à se tourner vers les jeunes générations de manière à assurer la tradition. Bref, il nous faut dialoguer avec des « anciens » plus jeunes. Puis son greffier chargé de consigner soigneusement nos bonnes actions nous les rappelle pour nous encourager dans cette voie, tandis que Pierre compte la quête et en donne un bilan satisfaisant, puis ramasse les chèques des retardataires.

Voici le moment de la communion, au self, où une « hôtesse » comme on n’en voyait jamais ici « de notre temps » assure un service souriant et efficace. En la regardant ainsi évoluer au gré de nos besoins comme une tornade blanche, je pensais à ce poème d’un vieux briscard de la littérature bretonne, Armand Robin : la restaurantière :

« La restaurantière avait belles arcades

Sourcilières ; ses cils parlaient sans ambassades. » (A. Robin Ma vie sans moi – Poésie /Gallimard)

Bilan de la journée : les locaux ont changé. Les programmes ont changé. La pédagogie a changé. Le règlement a changé. Mais c’est la présence féminine qui, aujourd’hui, sera le principal marqueur du changement d’époque. On s’en apercevra encore l’après-midi pendant cette heure de dialogue entre les « vieux » et les élèves d’aujourd’hui dont la parité est en faveur des jeunes filles.

Théophraste : « Face à notre génération, je déclare avec Aragon :

La femme est l’avenir de l’homme. » (Jean Ferrat)

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